Les nuages montent de la vallée, au loin, on voit déjà la pluie tombée. Petit a petit, nous remontons nos cols de veste au plus haut comme pour anticiper cette future mais très proche tempête qui nous rattrape. En un instant, le soleil nous a quitté, le vent à forcit, le grésil puis la neige se sont mis a tombé, tourbillonnant et pénétrant le moindre recoin de nos visages non protéger.
Je suis encordé avec Vincent, on se connait bien depuis quelques années déja et sa liste de course est déjà bien complète. ce n'est pas une petite tempête qui va l'effrayer! Du Pilier Sud des Ecrins a la traversée des Drus en passant par des voies rocheuses difficile, la traversée de la Meije...en restant très humble et sans s'affoler, Vincent est un solide client et compagnon de cordée. Nous grimpons souvent
en réversible et il excelle dans ces voies montagne qui surplombent sa maisonnette à la Grave.
Nous prenons ce matin là, le téléphérique de la Grave. Dans la cabine, les préparatifs "last minute" vont bon train. Un peu de crème solaire, une gorgée d'eau, une barre d'énergie dans la poche, nous enfilons, baudrier, casque, prêt à se ruer sur la voie normale du Râteau Ouest. Ça y est, la cabine s'ouvre à 3200m au pied du glacier de la Girose et nous voila parti, encordé sur ce beau glacier. Nous remontons à vive allure jusqu'au sommet du Rateau Ouest. Vincent mène la dance, il avance vite, d'un pas sur. Sur le glacier, nous contournons quelques belles crevasses et en faisant mordre les crampons, nous passons la bosse de glace caractéristique de la voie normale. La suite, dans les rochers en 3+, Vincent prends soin de passer la corde derrière des becquets ou de mettre une sangle afin de protéger la cordée. Nous débouchons au sommet du Râteau Ouest 1h seulement ares notre départ depuis le téléphérique.
Le soleil brille, nous regardons attentivement le ciel alentours a la recherche de nuages annoncés mais rien a l'horizon à part quelques filaments éparses. La décision est prise, on continue pour le gros morceau, la traversée d'Ouest en Est par la traversée des arêtes du Râteau.
Les difficultés sont variées, tantôt escalade ou d’escalade sur de belles aiguilles élancées, tantôt traversée aérienne comme un funambule sur son fil. On essaie de rester au maximum sur le fil des arêtes, ce qui complique la tache mais quel régal! Seule une tour écroulée, nous oblige a jouer dans les versant sud par une traversée à l'ancienne ou Vincent taille des marches avec son piolet. Notre cordée est bien rodée, nous
avançons vite dans ce terrain ou l'expérience est riche d'enseignement.
Le temps se couvre et les premières rafales de vent mêlés a la neige font leur apparition. Le rythme est bon et de toute façon, on doit redescendre à la Grave ce soir, alors filons monsieur...
Dans cette traversée du Râteau, tu as l'impression d'etre arrivé a chaque changement d'azimut mais la course est bien longue et le mauvais temps nous cueille fort avant le sommet. Emmitouflé dans nos habits de montagne, nous poursuivons et enfin arrivons au sommet du Râteau Est. Il nous aura fallu cinq heures pour traversée d'Ouest en Est. Bien content de cocher cette belle course.
La descente par l’arête Est, sous la neige et le mauvais temps nous ajoute une dose de concentration. La neige se change en pluie en arrivant dans les Enfetchorres. je l'ai parcouru souvent et je peux vous garantir que mouillé, ça glisse!
Retour à la Grave et à pied comme des grands, bien heureux. Merci Vincent pour ce super moment d’alpinisme partagé. A bientôt
