C'est la deuxième fois que je me rends à San Francisco. Dix sept ans séparent ces deux voyages. Un premier trip avec ma douce, pour dix jours seulement! Quel chamboulement...les journées s'étaient enchainées sans repos découvrant ces mythiques paroi au dessus de Camp 4, osant même nous aventurer dans El Cap par le East Butress. La plus facile des voies de cette muraille, parcourant le pilier Est avec des passages en 5.10 b, (6a+ en cotation Française). Ces cinq cent mètres de granit nous avaient comblés de bonheur. Le soir à Camp 4, entouré de grimpeurs de toute nationalités, une bière à la main, les orteils au coin du feu pour se réchauffer. C'était fin octobre, il faisait déjà froid et le soir les doudounes étaient d'un grand réconfort. Pendant les journées, nous cherchions le soleil et avons eu la chance de parcourir des voies sur le half Dôme, Royal Arches et El Cap. Dix jours, déjà fini...de retour en France, les projets plein la tête pour y revenir, un jour.
Serenety crack (photo à droite), une belle ligne incroyable juste psycho! Pauvre petits Frenchies complétement dérouté par ce type d'escalade, c'était en 2002.
Automne 2019, David m'appelle et me propose de l'amener grimper le Nose! C'est avec un grand plaisir que j'accepte et nous commençons à préparer le projet. Ce sera pour ce printemps au mois de mai, il y fait bon et beau au sortir de l'hiver et l'occasion aussi pour moi de re-découvrir en une autre saison cette belle vallée. Pour s'y préparer, même si nous nous connaissons bien, nous faisons un petit tour dans le Verdon. David n'a pas d'expérience en artif ainsi que tous les rudiments nécessaire aux hissages des "patates" et nuits en portaledge. Nous irons dans la paroi rouge pour une première expérience, ce sera parfait. David apprend vite et fait ses premières longueurs d'artif (une journée pour une longueur c'est pas mal, mais va falloir être plus rapide hein;-). Le plaisir d’être là, voila comment je qualifierai David qui prend le meilleur de chaque situation, toujours la banane et aime bien peaufiner comme il faut les petits détails, cela promet un beau voyage au U.S, on s’envole mi-mai. Reste plus qu'a faire la liste de l'indispensable, faire les sacs, les peser, pensez a son passeport biométrique, les billets d'avion sont acheter, on fera un Paris, San Francisco direct.
Nous partirons finalement à trois avec mon ami Reynato, besoin de quelqu'un au gros biceps pour hisser les sacs. Et puis, partir à deux guides sur un projet comme celui-ci est un meilleur gage de réalisation pour David. Nous voila donc paré pour l'aventure, il peux rien nous arriver, c'est sur...
Yes, We are here! reste plus qu'à louer une voiture, laquelle choisiriez vous?
Nutcraker 5.8, une base. Idéal comme entrée en matière, le rocher à du grain, adhérent sous nos semelles de chaussons. Les fissures se prêtent super bien à la pose de coinceurs. Nous enchainons ainsi quelques jours de grimpe, nous retrouvons nos marques et David se révèle pas mauvais du tout en fissure, à l'image de cette unique longueur de Lunatic Fringue, un 5.10c (6a+!) qu'il enchaine en hurlant de joie faisant fuir les coyotes a coup sur. Vive la fissure, il va falloir s'entrainer... Malheureusement, la météo est bien mauvaise, il fait froid et humide, la neige tombe bas en vallée, rien n'est prévue de meilleur pour les dix jours à venir. Après une ultime nuit dans cette vallée, nous décidons de tenter notre chance plus au sud. Huit heures et demi de route plus tard, c'est le choc de Las Vegas qui nous attends!
Red Rocks Canyon, à cinq minutes à peine du temple du jeu et de la luxure. Nous ne nous attarderons pas dans cette ville de dingue, mais le passage s'impose pour y faire le ravitaillement de nourriture. Ici, la température est plus clémente, mais nous grimpons quand même en doudoune alors que d'habitude, il y fait déjà très chaud.
Ici, du gré, rouge et jaune, du sable au pied (normal pour des grés), et des voies partout...On prend notre "petite" revanche sur le Yos, car on peux enfin grimper sans se soucier des nuages qui s'amoncelle au loin. Des voies exceptionnelles aux mouvements variés. Pas besoin d’être un as du verrou, pour se faire plaisir ici. Même si deux voies marquantes " à droite et à gauche", sont incontournables. Time's Up et Épinéphrine sont parmi les plus classes que nous ayons grimpé. Un répertoire gestuel riche et varié pour une semaine de grimpe intense, ponctué de bivouac sur portaledge, au ras du sol pour éviter les tarentules.
Il reste encore quelques jours à David avant de repartir en France, nous tentons notre chance dans le parc national de Zion assez proche de Végas, seulement trois heures de route. Mais nous déchantons vite, la pluie et le froid nous rattrapent à nouveau et impossible de grimper à Zion lorsque la roche est trempée. Sur la route du retour, un petit crocher de quelques heures de voiture nous amène à Colob Canyon. Encore un choc! Visuellement, je n'ai jamais rien vu de semblable. c'est un canyon très étroit pris en étau par deux parois lisse et très haute.
Fin du trip pour David, nous le ramenons à San Francisco pour prendre son avion. Merci David pour ta bonne humeur et ta simplicité. Je repars avec toi quand tu veux;-), qui sait pour une future tentative sur le Nose...
Avec Reynato, il nous reste encore une semaine avant de rentrer à notre tour. Nous décidons de repartir une ultime fois vers le Yosemite ou la météo semble s'améliorer. Nous visons deux objectifs, Lurking Fear et Le Nose. Un orage plus tard, ou nous passons à coté de la noyade dans les longueurs d'artif de Lurking Fear, retour à la tente trempée jusqu'au slip. Nous rentrons chaque soir, un peu plus mouillé des orages tous plus violent les uns que les autres. Notre tente posée à Camp 4 est un champ de boue, les rangers veillent...50 ans qu'ils n'ont pas vu autant d'eau a cette période. On s'essaye quand même, dans le Nose, on grimpe les dix premières longueurs avec un maximum de libre.
L'ambiance est superbe mais nous n'irons pas plus haut pour ce voyage ci.
On reviendra c'est sur, mais quand?
See you USA, see you El Cap.
