Natilik à Céüse, comme un nom qui résonne...J'ai eu la chance de parcourir deux fois cette voie mythique perchée au dessus de Gap. Généralement, on vient à Céüse pour faire de superbe longueur de calcaire, de la couenne, comme on dit. Ici, à Céüse, l'histoire de l'escalade s'est d'abord inscrite avec un rapide passage de Patrick Edlinger équipant quelques voies, comme Blocage Violent. Puis Christophe Lafaille Himalayiste et grimpeur hors pairs équipa ce qui allait devenir la voie la plus dure du monde. Biographie, le premier 9a+ enchainé par Chris Sharma en 2001. Et enfin un autre prodige allemand, Alex Megos réalisant le second 9c de la planète avec Bibliographie.
Cette fois ci, c'est à Denis que je fais découvrir cette merveille, Natilik est d'un niveau bien plus modeste que ces multiples lignes difficile de Céüse. Cinq longueurs en 6a/b, toute en fissures et peu d'équipement en place. Il faut user de coinceurs mécaniques ou excentriques pour se protéger efficacement.
Une idée du Topo de Natilik.
La première longueur remonte un dièdre jaune sur une trentaine de mètres. Le rocher n'est pas le plus joli de la voie, il est assez glissant mais de bons trous parcourent tout le bord gauche. La fissure au fond se prête bien à la pose des coinceurs, même s'il faut faire attention à bien les placer, ce n'est pas du granite ou l'on peut "jeter les coinceurs dedans". Sue la fin de la longuer il faut sortir du dièdre par un crochet à gauche et se rétablir sur un gros bloc coincé en guide de corne. Le relais est confortable les pieds à plat.
La deuxième est longueur est la plus difficile, une très belle fissure de 25m un peu large ou un Camalot n°4 peut-être le bienvenue. La longueur est splendide, on retrouve le roche sculpté de Céüse avec quelques trous sur les bords. Tout de suite, le vide se creuse avec la vallée, l'effet de gaz est bien présent pour notre plus grand bonheur. Selon la saison, les couleurs sont très changeante, j'aime bien les couleurs d'automne, dorées comme des petits pains...
La troisième longueur de 30m est un peu délicate au départ, un spit protège la chute sur le relais. La suite de l'escalade est moins difficile mais exposé. Il n'est pas simple de poser de bonnes protections et il faut s'engager entre les points à placer. Cette longueur se faufile au mieux dans cette muraille sous le grand toit, en ascendance à gauche, pour finir à l’extrémité gauche de ce fameux "roof". De bons coinceurs se placent bien, malgré quelques écailles douteuses, dans cette traversée à l'horizontale. La vue est surréaliste, idéale pour de belles photos. De là, il est aisé, de s'échapper en deux rappels de 40 et 30m et de rejoindre la terre ferme.
A partir de là, si on continue, on accepte le jeu de plus pouvoir revenir en arriere, la sortie passe par le haut et la fin de la voie. Rien de méchant, que de l’exceptionnel...La vire en quatrième longueur, n'est pour le début, pas vraiment de l'escalade, c'est du ramping ! Cotation 2+ ou 5+ au choix, ventre à terre, mode spéléo mais plein ciel.
Le finish de cette longueur suit une écaille plein ciel au dessus du toit. Ces quelques mètres sont physiques, sur de gros bacs avec les pieds à plats. Ça demande un peu de détermination pour passer proprement mais ça vaut le coup de s’exciter afin d'enchainer le passage. Pour le grimpeur de tête, les protections sont bétons, il reste aussi un piton d'époque qui bouge...c'est bon pour le moral. On arrive au relais, sur une micro vire plein gaz. Seulement vingt mètres de corde pour cette longueur mais elle marque les esprits.
Déjà arrive la dernière longueur, pas la plus difficile mais surement une des plus belles. Des le départ du relais, on entre dans une cannelure énorme que l'on remonte jusqu'au relais final. Cette dernière n'est pas protégeable naturellement, les équipeurs ont donc mis quelques spits, enfin 3 pour vingt mètres d'escalade, il va falloir rester concentrer...
Et au sommet sur le plateau d'un coup, tout est plat. Le versant nord de Céuse contraste tellement avec le coté dominant Gap. On peux remettre les baskets et prendre le temps de chercher tranquillement la descente, a pied par la Via ferrata ou en rappels.
Encore une belle journée de grimpe à Céüse avec Denis, bravo