Cette course rocheuse a la particularité d’être directe jusqu’au sommet de la Barre des Ecrins à 4102m. Nous décidons avec Denis d'aller
bivouaquer au sommet de la moraine du Glacier Noir, lieu dit "les Balmes de François Blanc". Un petit ruisseau à proximité et un terrain plat, en terre, bien abrité d'un bloc rocheux, nous apportent tout le confort nécessaire. Au pied des faces nord du Pelvoux et du Pic sans Nom, une vingtaine de chamois peu effarouchés par notre présence, gambadent proche de nous.
Depuis le Pré de Mme Carle, il nous a fallu une heure et demie, en montant tranquillement pour trouver ce bel emplacement de bivouac. Il n'était pas indispensable, car la course peut s'effectuer à la journée, mais nous apprécions l'immersion d'une nuit dans ce décor si paisible.
Nous sommes au pied de la face sud, prêt à partir demain matin à l'aube. Le vent de Sud Ouest qui a soufflé très fort ces derniers jours, se calme dans la nuit, la journée va être splendide. Nous avons déjà bivouaqué plusieurs fois avec Denis. A l'Aiguille de la République, à la Noire de Peuterey...Un petit rituel qui s'installe pour mieux profiter de la montagne hors des refuges. On cuisine des lyophilisés qui sont vraiment pas mal, on boit du thé et on grignote des biscuits. Tout ça ressemble presque à un vrai repas équilibré, on a oublié le chocolat, tant pis! On appréciera un vrai repas demain en redescendant de notre aventure, mais avant il nous faut grimper ce Pilier Sud et redescendre par la face nord de la barre et du Dôme des Ecrins, ça va nous occuper quelques heures.
3h30, nous sortons de la chaleur de nos duvets et de la tente protectrice pour entamer notre journée de grimpe. L'approche est rapide, nous nous retrouvons à passer la rimaye encore à la lueur de nos lampes frontales. Le jour se lève doucement nous sommes déjà haut dans le socle. La paroi de redresse surement au fur et à mesure, le rocher n'est pas excellent, nous devons être attentif à chaque instant. Exposé plein sud, le soleil est vite là, la journée est superbe et il fait chaud juste comme il faut. Les premières chutes de pierres déclenchées par le réchauffement, claquent plus bas mais nous sommes maintenant à l'abri, car plus haut sur le pilier. Le rocher ne s'améliore pas et même dans les longueurs plus difficiles, nous devons faire preuve de prudence pour ne pas arracher quelques belles écailles.
Les heures passent vite, les aiguilles de nos montres s'emballent, nous sommes dans la partie la plus raide, le sommet et encore loin. Le bastion et ses quelques longueurs de 5 nous demandent toujours de la vigilance quant à la qualité du caillou. Nous avions emporté les chaussons d'escalade qui resteront finalement au fond du sac à dos. La difficulté technique n'est pas terrible et en grosses chaussures comme les anciens ca passe bien. Encore une fois, nous sommes plus "tendus", par le qualité du rocher, qui laisse a désirer!
Dernière longueur qui marque la fin des difficultés "le miroir". Ici un bon emplacement de bivouac serait possible, bien à l'abri. Il nous reste 300m d’arête rocheuse facile et de pente de neige raide pour enfin aboutir au sommet de la barre des Ecrins à 4102m.
La journée est loin d’être terminée, la descente commence par la voie normale de la barre des Ecrins, par son arête ouest puis la voie normale du Dôme des Ecrins. Tourmentée, au milieu de crevasses géantes et de séracs menaçants, nous ne prenons pas le temps de faire de photos, ici, malgré la fatigue, on se depèche pour rester le moins longtemps possible dans cette face si exposée.
Enfin le glacier blanc, plat comme une mer sans vague. Les pas s'enchainent, nous enjambons quelques crevasses, encore...Nous saluons le refuge des Ecrins au dessus de nous sans nous arrêter puis le refuge du glacier blanc où nous posons enfin nos sacs. Une bonne pause s'accorde avant de reprendre le chemin de la voiture. This is the end...bravo Denis!
